Exposition personnelle du 10 au 16 mai 2013

Après sept années passées à peindre des poissons, Yoshie ARAKI entame un nouveau cycle avec pour sujet d'inspiration les oiseaux. Parfois solitaires, mais plus souvent groupés par deux ou trois, ces oiseaux semblent engagés dans un mystérieux dialogue...

Voir la vidéo

Oiseau-01

Depuis les temps les plus anciens, l'Ornithomancie (ou Auspices, technique divinatoire basée sur l'observation des oiseaux) est un moyen pour l'homme de déchiffrer les messages codés que lui adresse la Nature.

Ainsi peut-on traduire la volonté qui anime la recherche de Yoshie ARAKI dans ses compositions.

On sait que dans l'Antiquité gréco-latine, les oiseaux passaient pour les envoyés des dieux. Les divinités étant censées résider aux cieux, il était naturel que, de tous les animaux, les oiseaux fussent les plus aptes à leur servir de messagers.

On observait le vol des oiseaux à partir d'un carré magique tracé au sol (le « templum ») qui permettait de comprendre les intentions divines : si le vol passait à droite ("dexter"), les dieux étaient favorables, s'il passait à gauche ("sinister" qui a donné notre mot "sinistre"), ils étaient défavorables... Le devin de profession poussait l'analyse avec une savante précision. Il pouvait observer si, l'oiseau une fois posé, remuait la patte droite ou la patte gauche, l'aile droite ou l'aile gauche, ou raffiner sur les inflexions de sa voix, comme ceux qui trouvaient au corbeau soixante-quatre cris différents.

Avec l'influence chrétienne et islamique, la Langue des oiseaux deviendra « Langue des Anges », gardant ainsi toute la dimension de communication entre le monde visible et invisible qu'elle présentait dès l'origine. Les premiers auteurs qui la mentionnent sous ce vocable, la nomment également Langue des Dieux, Langue sacrée, Langue diplomatique, Cabale euphonique, phonétique, solaire, hermétique, Langue des Cabaliers, des Chevaliers, de Pégase, Gaie science, Gaye sçavoir, Lanternois, Langue farcie, Langue grecque réservée...

Ce langage secret est formé de rébus ou de jeux de mots de manière à en masquer le sens et de le rendre impénétrable au profane.

Ce procédé n'est pas inconnu des Japonais. Les kōans zen, par exemple, sont des jeux à double sens, à la limite de l’absurde. C’est bien ce que recherchent les tenants de la "Langue des oiseaux" : donner l’apparence de l’abberation afin de dissimuler le message véritable. Aujourd'hui encore, le kōan est utilisé dans l'enseignement oral de la tradition Rinzai pour suggérer « ce qui ne peut être dit avec des mots » :

La terre s’enfonce, le ciel s’écroule
Le poisson joue sur l’arbre et l’oiseau vole dans l’eau.
Que faire si je n‘apporte rien ? — Abandonnez-le !
— N'ayant rien apporté, que devrais-je abandonner ?
— Si vous ne pouvez l’abandonner, remportez-le avec vous !
Jōshū Jūshin (778-897)

Marc HIGONNET

Voir la vidéo

Yoshie2013(680)